Nous avons parcouru 27 pays en 202 jours, parcouru 31 069 km à bord d’Ycare et marché 2 481 885 pas. Il a fallu rentrer. Nous aurions pu encore continuer 6 mois mais nous nous étions engagés auprès de nos enfants restés et emmenés à ne faire que 7 mois.
On peut conclure que notre aventure c’est bien passé à 90%.
- Santé: Adrien c’est fait mordre par Happy au niveau de la lèvre, il a eu une petite gastro. Happy c’est coupé à sa patte, il a eu des points et a chopé la toux du chenil.
- L’école c’est très bien passé pour Adrien on c’est plus arraché les cheveux sur Nina.
- Ycare nous a fait quelques frayeurs, il a le droit a un bon repos et une grosse révision. Il a eu déjà un gros nettoyage.
- Nous nous sommes moins chamailler pendant ces 7 mois qu’à la maison. Même si la phrase “va dans ta chambre “est culte chez nous ou bien prend tout son sens.
- Je ne parle pas de ce qui a été déjà dis, rencontres exceptionnels, découvertes que mêmes nous adultes nous ne soupçonnions pas l’existence. (volcan de boue, mine de sel). Nous avons pris conscience de nos lacunes envers l’histoire de l’Europe, surtout pour la Roumanie et la Bosnie
Le retour a dû être préparé pendant notre aventure, pour ne pas perdre de temps le jour “j”( réinscription des enfants à l’école, réenclenchent de nos abonnements).
Que c’est-il passé depuis notre retour il y a 3 mois ? Qu’elles sont nos impressions à tête reposée Et au final on en a pensé quoi de notre aventure?
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Parlons de la journée de notre retour et de la première semaine:
Nous sommes rentrés le 30 octobre sous la neige et oui! Les derniers jours ont été fatigants, tempêtes à répétition. Nous étions surexcités de revoir les garçons mais triste que l’aventure s’achève. Alexi avait décidé de ne pas venir car il avait mieux à faire. Après plusieurs discussions, il a finit par accepter de venir à la maison. Les garçons m’ayant prévenu qu’il n’y avait rien à manger, nous avons dû nous arrêter faire les courses dans notre ancien hypermarché. (Même pas arrivé déjà dans le bain ).
Surprise, ce sera une raclette. Notre arrivée s’est passée comme une journée banale. On n’a pas arrêté de déballer, déballer les affaires. Les deux grands n’avaient pas fait leurs machines d’internats et même celle que j’avais laissé à faire au moment du départ. Youpi!
Les cinq jours qui ont suivi j’ai fait 22 machines. Je ne voulais pas m’asseoir, je ne voulais surtout pas faire comme avant: restés devant la TV ou l’ordi. Malheureusement c’est ce qu’on fait dans la foulée, mon mari et les enfants même si nous n’avions que la TNT. Ils se sont jetés dessus. Les enfants contents de retrouvés leurs lits, leur chambre, leurs jouets. Nous les adultes notre immense lit king-size a été plus difficile à se réapproprier.
Dès le lundi, Seb a repris le travail. Physiquement, ce n’était pas une bonne idée mais pour son moral valait mieux que de ruminer. Nina et Adrien ont repris le chemin de l’école dans leur classe d’âge: CM1 et 4°. Loïc est retourné à la FAC, Alexi à l’internat et Owen chez son père. Les deux derniers n’ont pas voulu revenir à la maison. Ca m’a achevé.
Pour Adrien, comme diraient les ados “c’est passé crème” cette rentrée. Pour Nina, dès le mardi son maître me dit qu’elle a de grosses lacunes et qu’elle n’a plus de rythme scolaire et son écriture et horrible. Je suis abasourdie car nous avons travaillé énormément sur le graphisme, sur la lecture. Pour nous, elle avait fait beaucoup de progrès en sachant qu’elle partait déjà avec de grosses faiblesses dans ce domaine.
J’ai eu beaucoup de mal à me retrouver dans cette énorme maison beaucoup trop grande. J’ai beaucoup tourné en rond. J’avais de quoi m’occuper heureusement (ménage, courses, pleins de paperasseries, listes scolaires).
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3 mois plus tard:
On passe sur les phrases assassines dont on a eu droit et on s’y attendait mais voici un petit résumé:
“les vacances sont finis, alors vous vous êtes pas entre-tués, vous avez survécu? On vous a pas braqué chez ces voleurs de Roumains ou Bosniaques? Maintenant vous avez plus de fric! C’est hallucinant d’avoir fait manquer l’école à vos enfants. Vous êtes irresponsable! Tiens vous n’aviez pas déménagés? T’as abandonné tes gosses c’est ta faute si Alexi a arrêté l’école…” Et j’en passe.
Certaines phrases ont été très brutales et elles ont été prononcés par ce qui reste de nos proches.
Un petit bilan scolaire:
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Adrien:
il s’en sort beaucoup mieux que toutes ces années scolaires compilaient. Il a acquis une méthode de travail qui lui convient avec sa dys. Il a surtout pris confiance en lui et ose maintenant prendre la parole en classe. Sur son bulletin, il a même eu 3 fois “trop bavard”. Ça nous a fait marrer car c’était le plus silencieux de nos enfants. Il a retrouvé ses copains très rapidement. Il a pris beaucoup d’indépendance dans sa gestion scolaire et nous ne sommes plus constamment derrière lui.
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Nina:
elle a manqué de rythme au départ. Elle a eu du mal à être dans “les temps ” pour faire un exercice. Elle mettait 3 fois plus de temps que ses camarades. En revanche, elle est en avance en math et autres matières. Elle a toujours des lacunes en français, elle a repris les séances d’orthophoniste. A ce jour, elle est rentré dans les temps, son écriture c’est améliorée. Niveau comportement, on est très loin de l’idéal mais là encore, elle était déjà comme çà avant. Mais nous sommes confiants.
Qu’est ce que nous avons aimé:
- A l’unanimité deux pays reviennent dans nos bouches: la Roumanie et la Turquie pour leurs accueils, le dépaysement, la douceur de vivre.Ils nous ont touchés ses pays.
- Nous avons tous adoré les rencontres diverses avec les locaux ou les familles voyageuses. Nous avons beaucoup appris à leurs contacts, sur le plan humain, sur la diversité des coutumes, sur leurs façons de voyager (pour les familles rencontrées). Les fous rires pour essayer de se comprendre.
- La nourriture en général a toujours était une bonne surprises. On gardera les burrecks.
Qu’est qu’on n’a pas aimé:
Nous sommes comme ca, on a toujours un truc qui ne colle pas. Nous sommes râleurs.
- Encore une fois à l’unanimité, la Norvège. Nous avons eu un sentiment de frustration: tu es au bord d’un fjord, tu prends un tunnel, tu te retrouves en haut d’une “montagne”, tu as pas le temps d’admirer que 800 m après tu as un autre tunnel. Nous avons eu un gros sentiment de ne pas être les bienvenus. C’est notre aventure ce sont nos avis.
- Dans certains pays la négligence des routes car certaines était très dangereuse pour manque de signalisation.
- Les déchets de certains pays. Certains sont excusables, l’Albanie et la Roumanie sont de jeunes pays mais l’Italie et la Grèce c’est irresponsable.
Qu’est qui nous a manqué:
- Pour les enfants c’étaient leurs copains, leurs frères, leurs grands-parents, et au début leurs chambre et leurs affaires.
Pour Seb, un meilleur matériel de pêche ( perso je dirai quelques cours, chut) et il repartira avec un vrai GPS. OK maps à ses limites et ça a engendré des petites mésaventures.
Pour moi, le manque physique de mes garçons était supportable mais le manque de leurs nouvelles de contacts téléphoniques a été difficile à gérer. Je repartirai avec des boîtes conserves ou des légumes surgelés. Bien souvent nous arrivions dans les villes quand le marché avait eu lieu l’aveil… M’ont manqué mes éponges non rayante. Je n’en aie jamais retrouvé ce n’est pas faute d’avoir cherché, du coup mes casseroles et poêles sont à changer.
Sébastien:
il a repris son travail, physiquement et moralement c’est très dur. Il a des interdictions de la médecine du travail pour telle ou telle tache et son patron n’en tient plus rigueur. Quand on revient de congés sabbatiques une visite médicale du travail n’est pas obligatoire même si on est un sujet à risque. Il souffre beaucoup de son dos et de ces genoux. Là aussi, c’est compliqué, il ne peut pas s’arrêter avant d’avoir fait 3 mois de travail ou un taux horaires de temps et 6 mois pour le complément de salaire. Nous avions prévu une semaine sans solde pour les congés de Noël obligatoire de l’entreprise mais nous n’avions pas prévu que cette année elle fermerait 15 jours. Il devait être inapte son patron c’était battu pour le garder mais ces conditions de travail empirent. Il prend sur lui car on ne peut rien faire avant juillet. Du coup entre la fatigue et la douleur nos conflits s’enveniment.
Moralement , il estime que la France n’a plus rien à lui apporter et “quand est qu’on repart“.
Happy:
il a retrouvé son panier de la maison et tous ces doudous. Le seul hic c’est qu’il ne dort plus avec Nina donc il a pleuré les premières nuits. Il est content d’être rentré même s’il adorerait repartir car il aime rouler.
Emi:
Plus compliqué pour moi. Je ne voulais plus de cette routine, elle est revenu malgré moi. Ok depuis qu’on est rentré le temps ne nous a pas aidé pour vouloir sortir. Je n’ai pas fait une nuit complète depuis que nous sommes rentrés. Beaucoup d’insomnies, d’angoisses, de pleurs (moi qui ne pleure que difficilement). L’impression que cette aventure c’était il y a 10 ans. Une joie immense de l’avoir fait et d’y être arrivée. La pensée que c’était une décision égoïste des fois, car elle m’a fait perdre mes 3 garçons. Ils ne sont pas revenus, je les vois très peu, et ils ne téléphonent jamais. Je sais ce qui leur arrive par personne interposé. Donc cette aventure m’a coûté. Nous avons beaucoup de disputes dans notre couple. Miraculeusement, dans un endroit restreint et h 24, nous en avant eut que quelques unes et passagère. Il est fatigué et moi je suis dans une dépression ça n’aide pas.
Pour conclure:
- Ycare est stocké depuis 3 mois, j’y reviens encore mais le temps est trop moche pour avoir envie de partir un weekend.
- Les enfants sont ravis d’être revenus. Tout le monde a repris sa routine.
- La télé a repris sa place. La maison est grande et chacun à son espace. Nous étions tous très individualiste et ca c’est resté.
- Des choses simples et d’elles- mêmes ce son mises en place, nous faisons tous attention à l’eau et aux lumières qui étaient souvent allumées pour rien avant. Nous trions déjà nos déchets.
- Ma façon de faire à manger (moins de viande), de faire les courses ou mes déplacements ont radicalement changé.
- Nous n’avons pas rachetés de deuxième voiture.
- Adrien est moi nous sous sommes rapprochés.
- Nous avons plus de tolérance et surtout surtout moins d’a priori, nous apprenons de nous-mêmes, nous nous renseignons avant de “juger” de stigmatiser ” ou de rentrer” quelqu’un dans une case.
- Nous sommes fiers d’avoir fait cette aventure.
- L’aventure a fait le vide dans le peu de connaissance que nous avions mais elle a été très enrichissante dans les nouvelles amitiés ou rencontres.
- Les adultes ont du mal à retrouver leurs marques, nous sommes très ébranlés, les changements ne sont pas si grands que ça. Nous ne voulons plus de cette vie mais des obligations nous empêchent d’aller plus loin à cet instant.
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